Je bosse comme chasseur de yôkai, des questions ? Partie 6

Bonjour, c'est l'administrateur. Saviez-vous que dans les abysses de l'internet japonais, dans ses recoins secrets, des histoires sont murmurées à voix basse ?

Dans l'ombre profonde de l'anonymat, de nombreux événements étranges sont encore transmis. Ici, nous avons soigneusement sélectionné ces histoires mystérieuses – d'origine inconnue, mais étrangement vivantes – qui peuvent vous donner des frissons, vous serrer le cœur, ou même bouleverser le sens commun.

Vous trouverez sûrement des histoires que vous ne connaissiez pas. Alors, êtes-vous prêt(e) à lire…?

[1] Q : Les yôkai, ça n’existe pas. C’est une histoire inventée, non ? R : Peut-être bien qu’ils existent. Pour l’histoire, que vous y croyiez ou non, ça m’importe peu. Je veux juste que vous en appreniez un peu sur le monde des yôkai. Q : Tu as une perception spirituelle ? Comment tu les chasses ? R : J’ai aucune perception spirituelle, donc pas de sorts incroyables ni de lumière qui jaillit. J’utilise plutôt des méthodes empiriques nées au fil du temps, sans même en comprendre la logique. Q : Le posteur original (OP) ne vient pas ! R : Pour ça, soyez patients s’il vous plaît >.< Q : À quelle fréquence faut-il maintenir (le fil) ? R : Une ou deux fois par jour, ça devrait suffire apparemment.

[913] Ça fait un bail. J’ai oublié où j’en étais, alors je vais relire les anciens messages (rires). Je viens juste de rentrer aujourd’hui et je suis un peu fatigué, donc je reviendrai demain soir.

  • [914] >>1 Il est là !
  • [915] Te voilà enfin.
  • [916] J’ai bien fait de ne pas abandonner et d’attendre.
  • [919] Tu te fais attendre, dis donc. Apparaître maintenant, en grande pompe, tu sais choisir ton moment.

[947] Me revoilà. La première des trois méthodes mentionnées par le maître. C’est celle qui consiste à formuler un « Kōgan ».

Kōgan (宏願) : Dans le bouddhisme, particulièrement le Mahayana, un vœu extrêmement grand. Il s’agit de se fixer un objectif majeur, comme le salut de tous les êtres sensibles, et de montrer sa détermination à y consacrer son corps et son avenir pour l’accomplir.

[947] Suite à la révélation du destin, on perd sa durée de vie. Mais qui la prend ? Ce n’est pas le Roi Enma ou ce genre d’entité, c’est plutôt la Voie Céleste, ou disons, ce monde lui-même qui la reprend. Alors, il suffirait de demander à la Voie Céleste de nous rendre cette durée de vie. Bon, évidemment, si c’était aussi simple que de demander, personne n’aurait de problèmes. C’est là qu’intervient le « Kōgan ». À l’origine, le « Kōgan » est comme contracter une dette envers le Ciel. C’est assez difficile à expliquer avec des mots, donc cette fois encore, je vais utiliser un exemple célèbre. Vous connaissez tous le Bodhisattva Jizô, n’est-ce pas ?

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  • [949] Ah, il est là ! Oui, je connais.

[950] Le Bodhisattva Jizô, bon, je ne sais pas si c’est vrai, mais à l’origine, c’était un moine ordinaire.

Bodhisattva Jizô (地蔵菩薩) : Une des figures de Bodhisattva dans le bouddhisme. Particulièrement vénéré au Japon comme protecteur des enfants et divinité des chemins (Dōsojin). On dit qu’il a fait le vœu de sauver même ceux tombés en enfer.

[950] Bien sûr, il avait accumulé un certain mérite, mais pas assez pour atteindre le rang de Bodhisattva, et il n’avait pas non plus une force extraordinaire. Mais ce moine au cœur tendre a formulé un « Kōgan ». Il a dit : « Tant que les enfers ne seront pas vides, je n’en sortirai point ». En gros, il y a beaucoup de mauvaises personnes en enfer, des esprits qui ont des regrets et ne peuvent atteindre le nirvana, et il y en a plein. De plus, comme chaque jour des gens comme ça meurent dans notre monde, leur nombre ne diminue jamais. Le moine a juré de ne jamais quitter les enfers tant qu’il n’aurait pas sauvé ou fait se repentir tous les êtres qui s’y trouvent. Grâce à cela, bien qu’il n’ait pas eu une pratique spirituelle suffisante, le moine a emprunté à l’avance à la Voie Céleste le rang et le pouvoir de « Bodhisattva », devenant ainsi le Bodhisattva Jizô. Bien sûr, en contrepartie, s’il ne parvient pas à vider les enfers, il y restera éternellement. D’ailleurs, il y restera probablement pour toujours (rires). Faire un vœu démesuré et emprunter au monde la force et tout le nécessaire pour l’accomplir. C’est cette méthode qu’on appelle « Kōgan ».

[951] Bien sûr, ce n’est pas comme si on obtenait le pouvoir juste en faisant un vœu (rires). Sinon, tout le monde le ferait, j’imagine. Il faut des rituels, des préparatifs, accumuler de la pratique spirituelle, et surtout, il faut que ce vœu soit en accord avec la volonté du Ciel, ou quelque chose comme ça, avec le flux des choses. Et par-dessus tout, il faut une véritable détermination à l’accomplir. Le Bodhisattva Jizô avait déjà une certaine force à l’origine, son vœu était particulièrement noble, et surtout, il avait un cœur résolu à vraiment l’accomplir. C’est pour ça qu’il a réussi. J’ai l’impression d’avoir déjà parlé du « Kōgan » il y a longtemps, mais il y a des aspects qui se rapprochent un peu de la manière de devenir un dieu dans le Shintō.

Shintō (神道) : Système de croyances polythéistes indigène au Japon, vénérant la nature et les ancêtres. Caractérisé par l’absence de fondateur spécifique ou d’écritures sacrées.

[951] Mais il y a aussi des exemples plus profanes. Il me semble que dans les Trois Royaumes, Zhuge Kongming a tenté un rituel pour prolonger sa vie et a échoué, ou quelque chose comme ça. C’était aussi une sorte de « Kōgan ». Du genre, « Je vais restaurer le royaume de Han, alors donne-moi plus de temps de vie ? » (rires).

  • [962] >>951 Le système des mérites et démérites (功過格) ? Dans le Sūtra du Lotus aussi, il est dit que le Bodhisattva Jamais-méprisant (常不軽菩薩) a vu sa vie prolongée au moment de mourir. Il y a aussi les Bodhisattvas qui font vœu de renaître (願生の菩薩), etc.
  • [952] Je vois.
  • [953] Ça me semble un peu triste pour Jizô, il ne sera jamais sauvé…
  • [955] Jizô est incroyable ! Je le respecte ! Si j’en vois un, je joindrai les mains…
  • [956] Toujours aussi intéressant. Et facile à comprendre.

[957] Bon, même sans faire des vœux aussi énormes, on peut envisager des choses plus variées. Par exemple, vouloir être un bon fils pour ses parents. Ou vouloir inventer quelque chose d’important. Même si ce n’est pas au niveau du Bodhisattva Jizô, on peut formuler un « Kōgan » pour ce genre de choses. Et à partir de là, on y consacre toute sa vie. Peut-être que parmi les grands professionnels de ce monde, il y a des gens qui ont formulé ce « Kōgan » inconsciemment. Revenons à l’histoire de la nièce du maître. Son espérance de vie lui a été retirée par le Ciel. La raison de choisir la méthode du « Kōgan » ici, c’est que si demander « Je ferai ceci, alors prête-moi de la vie » est très difficile, demander « Je ferai cela, alors rends-moi ma vie » semble un peu plus faisable, non ? Apparemment, pour le maître, il est déjà acquis que la nièce deviendra sa disciple. Notre école « Hanzan », comme je l’ai déjà dit, accorde avant tout de l’importance à une volonté inflexible. Il existe aussi quelques méthodes pour se préparer mentalement à cela. En tenant compte de ça, l’idée est de faire accumuler un peu de pratique spirituelle à la nièce. Quand elle aura atteint un certain niveau, elle formulera un « Kōgan » quelconque pour récupérer sa durée de vie. C’est une méthode à assez long terme.

  • [958] Hmm hmm !

[960] Bon, mais cette méthode a aussi ses inconvénients. D’abord, dire que c’est à long terme signifie que ça prendra au moins 10 ans. Bien sûr, il y a des différences individuelles selon le « réceptacle ». Mais on ne sait pas quand le destin de la nièce prendra fin. Si on prend notre temps comme ça, elle pourrait subir un kamikakushi (disparition mystérieuse) d’un jour à l’autre (rires).

Kamikakushi (神隠し) : Disparition soudaine et inexpliquée d’une personne, en particulier d’un enfant. Autrefois attribuée aux dieux, tengu, etc.

[960] De plus, on ne sait pas vraiment si, au cours de ce processus, la nièce trouvera un souhait pour lequel elle est prête à risquer sa « Voie » et sa vie. La majorité des gens finissent leur vie sans jamais savoir ce qu’ils voulaient vraiment faire. Même en apprenant la méthode de recherche dans l’école Hanzan, trouver dépendra finalement de l’individu. Tenter un « Kōgan » avec un objectif quelconque ne mènera qu’à l’échec. Je vais manger un morceau. Que quelqu’un crée vite le prochain fil.

  • [964] On peut déjà créer le prochain fil ?
  • [967] C’est vraiment facile à comprendre. Très instructif.
  • [971] Le prochain fil est arrivé un peu vite, non ?
  • [972] >>971 Non, pas trop vite. Merci pour ton travail.
  • [975] Vite, la suite !

[15] J’ai mis le riz à cuire et je me suis endormi. La suite. La deuxième méthode n’est pas longue comme la première, elle vise une résolution rapide. En contrepartie, le danger augmente un peu. Elle consiste à invoquer le yôkai qui a fait révéler son destin à la nièce, à négocier avec lui pour qu’il oublie ce qu’il a entendu. Comme je l’ai déjà écrit, les humains, à cause de leur soif de connaissance, ont tendance à renforcer une impression en essayant de l’oublier. Et parfois, on oublie soudainement quelque chose qu’on a longtemps essayé de retenir. Mais pour les yôkai, ce n’est pas le cas. Ce qu’ils veulent retenir, ils le retiennent éternellement, et ce qu’ils ne veulent pas se rappeler, ils peuvent l’effacer immédiatement de leur mémoire. Si ce yôkai n’a pas d’attachement particulier à l’information révélée, on lui demande de l’oublier. Ensuite, avec un petit rituel, on fait comme si le destin n’avait jamais été révélé, et on restaure la durée de vie. Cependant, cette méthode comporte aussi plusieurs incertitudes. D’abord, est-ce que le yôkai acceptera vraiment d’oublier ? Sur ce point, on dépend de la bonne volonté d’autrui. De plus, lors de la révélation du destin, il est possible que le yôkai n’ait pas été le seul à entendre. Si le yôkai n’a pas utilisé une méthode pour être le seul à entendre, alors le vent, la terre, l’herbe, les arbres alentour, tout ça compte aussi largement. Si c’est le cas, alors on ne peut plus rien faire.

  • [16] Courage ! J’attends la suite avec impatience.
  • [17] Riz fraîchement cuit… Bon courage !
  • [14] Première fois que je poste, veuillez être indulgents. J’ai une question pour l’OP : vous avez dit précédemment que pour devenir une divinité, on pouvait passer par un état comme la « mort immuable » (不変死). Chez moi, une personne qui voit les esprits locaux nous a dit qu’un ancêtre était devenu [nom de la divinité caché] Hakuryū Daimyōjin après une « mort immuable ». Mon père le vénère, mais moi, pas vraiment. Est-ce que je devrais faire comme mon père ? Désolé pour mon style d’écriture maladroit.

[19] Les yôkai capables de faire révéler le destin sont souvent assez puissants, et s’impliquer davantage avec ce genre d’entité est aussi dangereux. >>14 Si tu n’y crois pas, de toute façon, ça n’a pas beaucoup de sens, je pense.

  • [20] Quelle photo d’empereur recommandes-tu ?
  • [36] >>20 Ça m’intéresse aussi ! Dis-nous, s’il te plaît.
  • [50] Empereur recommandé ! Empereur recommandé !

[52] >>50 Une photo de l’Empereur Jimmu, ça irait pas ? (Je dis ça au pif). Si ça existe.

[48] Et la troisième méthode. Cette méthode est plus certaine. Mais par rapport aux deux précédentes, le danger monte en flèche. Je ne sais pas si ça vous dit quelque chose, mais il y a un yôkai appelé « Kudan », non ?

Kudan (件) : Yôkai japonais censé prédire l’avenir, en particulier les calamités. On dit qu’il a un corps de vache et un visage humain (ou l’inverse) et qu’il meurt après sa prédiction.

[48] Bon, ceux qui ne connaissent pas, cherchez sur Google. C’est connu qu’il laisse une prophétie importante, que son destin s’achève et qu’il meurt. L’origine du nom vient probablement de 人 (humain) + 牛 (vache) formant le kanji 件. Mais il a un nom originel. Il me semble que ça vient du bouddhisme, son nom serait « Nyoze ». « Nyoze » naît lorsqu’un malheur terrible est sur le point de se produire dans le monde et il le prédit. Il prédit. Et cette prédiction est apparemment quasi inévitable. Mais ce qui est moins connu, c’est que la prophétie de ce yôkai « Nyoze » ne représente en fait que la moitié. Qu’advient-il de l’autre moitié ? Un yôkai nommé « Gamon » est censé naître et la laisser. Le yôkai « Nyoze » aurait un corps de vache et une tête humaine, mais « Gamon » c’est l’inverse : une tête de vache et un corps humain. « Gamon » naît obligatoirement dans un rayon de 10 ri (environ 40 km) juste après la mort de « Nyoze ». Et là, « Gamon » laisse aussi l’autre moitié de la prophétie avant de mourir. À ce stade, la prophétie devient complètement inévitable. Mais, si on parvient à tuer ce yôkai « Gamon » juste après sa naissance, on peut éviter la prophétie.

[49] On me dit de résumer, de résumer, alors j’ai jeté un œil, mais tant qu’à faire, corrigez les fautes de frappe et les erreurs ! C’est embarrassant, quoi(・ω・`)

[51] En tenant compte de cela, il s’avère qu’après la mort d’un humain ayant fait une « révélation du destin », un yôkai proche de « Gamon » naît aussi, apparemment. La troisième méthode est similaire à la troisième méthode qu’on m’avait proposée à l’époque. On fait croire à ce yôkai proche de « Gamon » que la nièce du maître est morte pour le faire naître. Ensuite, on le tue pour rendre la prophétie caduque. Si elle est caduque, ça revient à ne pas avoir prophétisé, et à partir de là, on peut rappeler la durée de vie. Bon, le danger de cette méthode, je l’ai déjà expliqué par le passé. Mais dans ce cas, le plus problématique est de trouver et de tuer ce « Gamon ». D’abord, trouver « Gamon » est difficile. Ensuite, même si on le trouve, il est douteux qu’on puisse arriver là où il se trouve avant qu’il ne prophétise. De plus, même si on le trouve, il faut tuer ce yôkai. Même s’il n’est pas grand-chose, ça reste un yôkai, donc il y aura un certain risque. Et comme je l’ai dit maintes fois, notre travail relève plus de la « négociation » que de l’« extermination ». Alors, nuire à un yôkai pour notre propre convenance, c’est un peu comme dévier du droit chemin.

  • [55] Les yôkai existent vraiment ? Nyoze et Gamon semblent exister matériellement. Sont-ils conservés quelque part et peut-on les voir ? Les vrais yôkai, est-ce que les gens ordinaires peuvent les voir aussi ?

[68] >>55 Ben, ce sont peut-être des animaux qui ont subi une mutation soudaine. On dit tête humaine, mais ça ne ressemble probablement pas exactement à un humain (rires).

[151] Je me demandais pourquoi j’étais restreint, mais apparemment, on ne peut pas écrire si Skype est ouvert… Une fois les trois méthodes expliquées, le frère du maître a fait une tête soucieuse. Ben oui, quelle que soit la méthode choisie, ça reste dangereux. Le frère a demandé au maître quelle méthode choisir, mais le maître a secoué la tête en silence. Puis il a dit qu’il fallait laisser la fille du frère, elle-même, décider de la méthode finale. Même si on décidait d’une méthode ici, si la personne concernée n’est pas d’accord, on ne peut pas la mettre en œuvre. Le frère a dit « C’est vrai… » avec une expression triste, puis a ajouté « De toute façon, il est tard aujourd’hui, nous en reparlerons plus en détail demain ». Il voulait sans doute du temps pour réfléchir, lui aussi. Le maître et moi sommes retournés dans la chambre d’amis qui nous était assignée et nous nous sommes couchés. Juste avant de nous séparer dans nos chambres, le maître m’a demandé l’air de rien : « Et toi, tu ferais quoi ? ». J’ai répondu que je ne savais pas. Le maître, d’un ton inhabituellement las, a dit : « Encore un bleu, décidément. »

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[153] Ce soir-là, j’avais tellement faim que j’avais du mal à m’endormir. Et quand on reste longtemps les yeux grands ouverts, on finit par avoir envie d’aller aux toilettes. On m’avait montré où elles se trouvaient, alors je m’y suis dirigé. Devant les toilettes se trouvait la femme du frère. La porte des toilettes était fermée, et de l’intérieur, j’entendais des bruits de vomissements, « Oeeh ». C’était une voix familière, apparemment la nièce du maître était dedans. Je me suis senti un peu mal à l’aise. Bon, comme c’était en grande partie de ma faute si on en était là, c’était quelqu’un que je n’avais pas très envie de croiser.

  • [154] C’est à cause de Skype que tu ne pouvais pas écrire ? (lol)
  • [155] Même le maître s’inquiète pour sa famille, forcément.
  • [156] Mange bien ton déjeuner, hein.

[6] J’ai pensé faire demi-tour et me cacher dans le jardin pour faire mes besoins dans un buisson, mais la femme du frère devant la porte des toilettes m’a repéré avant. Elle a incliné la tête en guise de salut et m’a demandé ce qu’il y avait. Je n’avais pas le choix, j’ai répondu que je voulais emprunter les toilettes, mais qu’elles semblaient occupées pour le moment. La femme s’est excusée d’un air désolé : « Pardonnez-moi, mais je vais la faire sortir tout de suite… ». Bon, à l’origine, c’était un peu de ma faute, donc être excusé me mettait mal à l’aise. Mais en même temps, mon envie d’uriner était pressante, donc je ne pouvais pas non plus dire « Prenez votre temps ». Ça ne me semblait pas juste non plus, alors j’ai décidé d’accepter sa proposition. La femme a toqué à la porte des toilettes et a dit quelque chose comme : « Misato, ça va ? Tu peux sortir une minute ? ». C’est là que j’ai entendu le nom de la nièce du maître pour la première fois.

[13] Alors, j’ai entendu le bruit de la chasse d’eau tirée depuis l’intérieur. Puis des bruits sourds, comme un corps heurtant les murs, et la porte des toilettes s’est ouverte. La nièce du maître qui en est sortie avait les yeux bandés avec un tissu rouge. À propos de ce tissu : les personnes ayant une perception spirituelle pourraient essayer, mais si on se couvre les yeux avec deux épaisseurs de tissu de soie rouge, on ne devrait plus voir la plupart des yôkai, fantômes mis à part. La vision est très réduite, mais on devrait pouvoir distinguer vaguement les contours généraux des objets. La nièce du maître, donc Misato, portait ça. La femme du frère tenait une tasse de thé fumant à la main, elle la lui a tendue et lui en a fait boire deux ou trois gorgées. En disant « Excusez-moi », elle a pris la main de Misato et a essayé de passer près de moi, mais…

  • [14] Mais quoi !?

[17] Misato a soudain poussé un petit cri, « Hih ! », et est tombée comme si elle avait trébuché sur quelque chose. Bien sûr, il n’y avait rien par terre. La femme l’a soutenue en catastrophe, mais en faisant ça, le thé de la tasse qu’elle tenait s’est renversé sur ma main. C’était assez chaud, alors j’ai crié « Aïe ! ». Et là, je me suis réveillé. Hein ? ai-je pensé, encore embrumé. J’ai regardé autour de moi, j’étais dans la chambre d’amis. Peu après, quand mes yeux se sont complètement ouverts, j’ai compris que je m’étais endormi entre-temps et que l’épisode des toilettes était un rêve. C’était un rêve étrangement vif. Je ne sais pas pour vous, mais je fais souvent des rêves où je vais aux toilettes. Quand j’étais enfant, après ce genre de rêve, je faisais souvent mes besoins dans les toilettes du rêve, et en me réveillant, j’avais fait pipi au lit. Mais depuis que je suis adulte, je me réveille juste avant de faire mes besoins dans les toilettes du rêve. Et dans ces moments-là, j’ai toujours une envie très pressante. Bien sûr, c’était le cas cette fois aussi, j’avais envie de faire pipi. Alors, comme dans le rêve, je suis sorti du futon et je me suis dirigé vers les toilettes.

[18] En approchant des toilettes, j’ai vu une silhouette. C’était la femme du frère. Hein ? J’ai été frappé par un intense déjà-vu. En m’approchant encore, j’ai entendu le même bruit de vomissement que dans le rêve, « Oeeh ». En me voyant arriver, la femme m’a demandé, exactement comme dans le rêve : « Que se passe-t-il ? ». Troublé, j’ai répondu en hésitant que je voulais emprunter les toilettes… La suite s’est déroulée exactement comme dans le rêve. La femme a demandé à Misato si ça allait, l’a fait sortir des toilettes, lui a fait boire du thé, puis elles étaient censées partir. Mais là, leurs mouvements se sont arrêtés. Et, tournant lentement juste leurs regards vers moi, leurs visages se sont déformés en un sourire indéfinissablement lubrique. J’étais sidéré, sans voix, et l’instant d’après, la femme m’a soudain jeté le thé de la tasse dessus. C’était assez chaud, alors j’ai crié « Aïe ! », et je me suis réveillé. J’étais dans la chambre d’amis.

  • [19] Ouf…

[20] C’est quoi ce bordel, ai-je pensé. J’avais rêvé dans mon rêve, et ça avait bouclé. Non, ce n’était pas une boucle. Vers la fin, la femme m’avait clairement jeté le thé dessus avec malveillance. C’était un rêve, mais étrangement, j’avais ressenti la douleur de la chaleur du thé. J’ai essayé de me pincer la joue, mais cette fois, je n’ai rien senti. J’ai compris. Apparemment, j’étais toujours en train de rêver. Comme guidé par quelque chose, je suis de nouveau sorti du futon et me suis dirigé vers les toilettes.

[21] Le couloir me semblait bien plus sombre que tout à l’heure. Devant la porte se tenait la femme. Et, effectivement, de l’intérieur des toilettes venait le bruit de vomissement de Misato, « Oeeh ». Enfin, je n’étais même plus sûr que cette nièce du maître s’appelait vraiment Misato. Mais quelque chose clochait. La femme frappait la porte avec la tasse, « gong, gong ». La tasse était en verre, elle se brisait petit à petit, et les mains de la femme devenaient de plus en plus ensanglantées. À ce moment-là, curieusement, je n’ai pas eu très peur. Je me suis approché d’elle. Alors la femme m’a demandé : « Qu’y a-t-il ? » et j’ai répondu simplement : « Je viens pour les toilettes ». En entendant cela, elle a soudain affiché un sourire étrange, lubrique et visqueux, a dit « Attendez encore un peu », et a fait sortir Misato des toilettes. Puis, elle a mis des morceaux de verre assez brisés dans la bouche de Misato. Misato, avec le même sourire lubrique, a mâché une fois, deux fois. Le sang a jailli de sa bouche. Voyant cela, la femme s’est tournée vers moi et m’a demandé : « Vous avez faim aussi, vous en voulez ? ». J’ai refusé, mais la femme a insisté, « Ne soyez pas timide », et m’a saisi fermement le bras. Sa force était incroyable. J’ai essayé de me débattre, mais c’était inutile. Et elle m’a enfoncé de force les morceaux de verre dans la bouche. C’est là que je me suis réveillé à nouveau.

[22] J’avais un léger goût de sang dans la bouche. J’ai pincé ma joue, ça faisait mal. Apparemment, j’étais enfin vraiment réveillé. J’ai poussé un soupir de soulagement. Je fais souvent des cauchemars, mais d’habitude, je ne me souviens pas bien du contenu au réveil. Mais cette fois, comme le rêve était si vif, l’arrière-goût était particulièrement mauvais. Je suis resté un moment allongé dans mon futon, à repenser au rêve, hébété. Mais peut-être à cause du cauchemar et du fait que c’était un rêve de toilettes, je ne sais pas, mais j’ai de nouveau été saisi d’une violente envie d’uriner. C’est là que j’ai compris quelque chose. Probablement, je ne devais pas aller aux toilettes maintenant. Mais mon envie était irrépressible. Alors, j’ai décidé de ne pas aller aux toilettes, mais de faire comme j’avais envisagé dans le premier rêve : sortir discrètement dans le jardin et faire pipi debout dans les buissons. Je me suis glissé hors du futon, j’ai marché à pas de loup jusqu’à la fenêtre donnant sur le jardin, je l’ai ouverte et je suis sorti. J’ai vérifié qu’il n’y avait personne et j’ai baissé mon pantalon près d’un buisson.

[23] Rien à voir, mais la lune est ronde et belle, hein… La suite. Après avoir fait mes besoins, je me sentis un peu soulagé. J’allais rentrer dans ma chambre, quand j’ai remarqué un bruit d’eau qui coule de façon rythmée, assez proche. Le bruit de la chasse d’eau des toilettes. Mais quelque chose semblait étrange. Comment dire, quand on tourne la manette des toilettes pour le petit débit, l’eau coule un peu juste pendant qu’on la tient, non ? C’était probablement ce bruit-là, mais c’était fait à intervalles réguliers, comme si on jouait d’un instrument de musique, en faisant couler l’eau. Je me suis demandé ce que c’était, intrigué.

[24] Honnêtement, à cause du rêve, je n’avais pas très envie de m’approcher des toilettes. Le jardin de la maison familiale du maître était assez grand. Les toilettes d’où venait ce bruit d’eau rythmé avaient une fenêtre donnant sur le jardin. J’ai jeté un coup d’œil rapide à cette fenêtre, mais la lumière était éteinte, c’était tout noir à l’intérieur. J’ai hésité un peu, mais j’ai décidé de faire comme si je n’avais rien remarqué et de rentrer dans ma chambre. La curiosité est un vilain défaut, après tout. Mais l’instant d’après, cette pensée s’est envolée. De l’intérieur des toilettes, j’ai entendu une voix autre que le bruit de l’eau. C’était une voix discrète, mais familière. Bien sûr, j’ai douté de mes oreilles. Alors je me suis concentré davantage sur le son. Et là, j’en ai eu la certitude. Cette voix était celle du maître.

[25] Je me suis demandé ce que le maître pouvait bien faire dans les toilettes en pleine nuit. Pourquoi faisait-il une chose aussi étrange ? Une fois que la question m’est venue à l’esprit, ma curiosité n’a cessé de grandir. Je vais juste jeter un coup d’œil. C’est décidé. Je me suis baissé et je me suis approché furtivement de la fenêtre des toilettes. Je n’avais pas le courage de regarder à l’intérieur, mais je voulais au moins essayer de comprendre ce que disait le maître. Et j’ai entendu. « Chhh, chhh », disait le maître en tirant la chasse d’eau, et il répétait : « Sortez, sortez. Sortez, sortez. Sortez, sortez. » Mon cœur a fait un bond dans ma poitrine. J’ai eu l’impression d’avoir entendu quelque chose que je n’aurais pas dû. Je me suis éloigné précipitamment, j’ai rebroussé chemin discrètement et je suis retourné dans ma chambre.

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[26] C’est tout pour aujourd’hui, j’ai du mal à m’exprimer. Désolé si c’est difficile à lire.

  • [27] Non, c’est toujours aussi intéressant et facile à comprendre. Bon courage. J’attends la suite avec impatience.
  • [28] Il est revenu ! Bon courage. C’est effrayant mais j’ai hâte.
  • [30] Bon courage. J’attends la suite avec impatience !
  • [29] Merci pour ces histoires toujours intéressantes. Bon courage !
  • [38] J’attends la suite avec grande impatience !!!
  • [49] C’est pas Yokai Watch en vrai, ça ? T’as un partenaire ou quelque chose ?
  • [51] Un chasseur de yôkai possédé par une belette, c’est trop un héros. J’aimerais bien que ça devienne un manga.
  • [53] Quand est-ce qu’il reviendra la prochaine fois… Quand l’OP revient, il a parfois oublié le contenu précédent, alors un site de résumé pourrait être une bonne idée. Je ne l’ai pas consulté, cela dit (rires).

[67] La suite. Rentré précipitamment dans ma chambre, j’ai grelotté et me suis enfoui sous les couvertures. Quoi que le maître ait été en train de faire, ou même si ce n’était pas le maître mais autre chose, ce qui se passait dans ces toilettes n’était probablement pas quelque chose que je devais savoir. J’ai amèrement regretté d’avoir espionné les toilettes. Ce jour-là, je suis resté à ruminer comme ça, puis je me suis endormi profondément sans m’en rendre compte. Cette fois, j’étais sans doute épuisé, car j’ai dormi d’un sommeil de plomb.

[68] Au matin, le maître m’a réveillé. Il était environ 8 heures. Intrigué par les événements de la nuit, j’ai observé le maître, mais il semblait comme d’habitude. Le maître a dit que le petit déjeuner était prêt et qu’il fallait aller manger. J’étais ravi de pouvoir enfin manger quelque chose ! J’ai suivi le maître vers la cuisine. Et au moment où j’ai franchi la porte de la cuisine, j’ai soudain eu l’impression que mon corps devenait plus léger.

  • [69] Bon retour, OP ! J’ai hâte de voir jusqu’où on va avancer aujourd’hui.

[71] J’avais déjà un peu ressenti cette sensation. Mais pourquoi ici ? me suis-je demandé, et j’ai balayé la cuisine du regard. Alors, sur un mur de la cuisine, j’ai vu une peinture à l’encre un peu délavée accrochée là. Bon, ça semblait un peu déplacé dans une cuisine. Comme il n’y avait rien d’autre de remarquable, j’ai supposé que c’était la cause de la légèreté de mon corps. Je n’ai pas de perception spirituelle, donc je ne comprends rien du tout, mais d’après le maître et ceux qui disent avoir une perception spirituelle, j’ai toujours une belette brûlée et répugnante collée à mon corps. Mais parfois, elle se détache. La raison n’est pas qu’il y ait quelque chose que les belettes craignent ou détestent. Contrairement aux yôkai ordinaires, les belettes sont déjà mortes, donc ce genre de choses leur est égal, j’imagine. Elles disparaissent généralement devant quelque chose ou quelqu’un devant qui elles estiment ne pas pouvoir « se montrer ». Ne pas craindre la mort mais ressentir de la honte, c’est une drôle d’histoire, n’est-ce pas ? J’ai fait un signe au maître pour qu’il me voie et je lui ai signalé la chose. Ce tableau. Il vaut peut-être cher. Je le veux. On le trompe. On ne l’emporte pas ?

[156] La suite. Le maître a remarqué mon signe et a tourné les yeux vers le tableau. Puis, en s’asseyant à la table où le déjeuner était servi, il m’a répondu par un signe : « Abandonne ». Bon, si le maître le dit, c’est que ce n’est probablement pas possible, ai-je pensé. Je me suis assis à mon tour après le maître et j’ai examiné attentivement le tableau. Cette peinture à l’encre représentait une sorte de lac avec une grue ? ou quelque chose comme ça. En bas à gauche du tableau, un nom était inscrit : Sō× (illisible) Koji. Koji (居士) désigne soit un nom de dharma ou nom posthume pour un laïc bouddhiste, soit quelqu’un qui a accompli une pratique spirituelle intense prend le titre de Koji et se fait appeler Koji. Un Koji particulièrement célèbre est Kashin Koji ; vous connaissez peut-être l’histoire de cet illusionniste au service d’Oda Nobunaga ? Et parmi les Koji dont je me souviens, il n’y en a qu’un seul dont le nom contient le caractère « Sō » (葬, funérailles). C’est Sōshi Koji (葬死居士).

[173] Pour les détails sur Sōshi Koji, ça deviendrait long, alors je vais passer, mais pour faire simple, considérez-le comme la personne qui a traduit le Sōsho (葬書, Livre des Funérailles) en japonais. Le Sōsho traite de Feng Shui, mais le Feng Shui originel servait à honorer les ancêtres. C’est pourquoi Guo Pu (郭璞), l’auteur du Sōsho, est considéré en Chine comme une sorte de dieu de la piété filiale. Sōshi Koji, qui a traduit le Sōsho en japonais, a à peu près le même statut au Japon. D’ailleurs, il existe une école de chasse aux yôkai appelée Sōshi-ryū (葬死流), qui a également été fondée par cette personne. Que ce soit pour avoir répandu le concept de Feng Shui au Japon ou pour avoir fondé une école, il semble être respecté même par les yôkai, bien qu’il ait été humain. Pourquoi les belettes ne peuvent pas lui faire face, je ne le sais pas bien moi-même. Je n’ai pas beaucoup de connaissances à son sujet. Peut-être qu’un membre de l’école Sōshi saurait.

[174] J’ai essayé de tenir bon mais j’ai vraiment sommeil (rires). Désolé, je vais dormir.

  • [175] >>174 Bonne nuit.
  • [176] Bonne nuit ~. Fais de beaux rêves.
  • [177] Nooon, ne dors pas ! Encore des histoires !

[209] Pendant que je contemplais vaguement le tableau, le frère du maître et sa mère sont arrivés dans la cuisine. Le petit déjeuner était assez copieux : riz, poisson grillé, soupe miso, etc. Une fois le repas servi, la femme du maître a pris du porridge et s’apprêtait à l’apporter à sa fille. C’est alors que le maître a dit : « Appelle Misato-chan ici aussi, mangeons ensemble ». « Mais… » a hésité la femme, mais le maître a jeté un coup d’œil dans ma direction et a insisté : « Rester enfermée dans cette pièce tout le temps n’est pas bon. Maintenant, ça va aller. » Alors le frère a acquiescé : « Oui, c’est vrai. Peux-tu aller la chercher ? ». J’ai été surpris d’entendre le nom « Misato-chan », celui que j’avais entendu en rêve, prononcé pour de vrai. La femme a répondu « D’accord » et est partie chercher sa fille.

  • [210] Le suspense monte…
  • [211] L’OP est làààà !

[213] Misato est arrivée peu après, accompagnée de sa mère. Elle s’était changée, elle ne portait plus de pyjama mais des vêtements civils, un T-shirt à manches longues et un jean. En me voyant, Misato a eu un mouvement de recul, mais elle n’a pas semblé se sentir mal comme la fois précédente. Puis, une fois tout le monde réuni, nous avons commencé à prendre le petit déjeuner ensemble. C’est alors que le maître a dit quelque chose comme « Hier, c’était mouvementé, nous n’avons pas pu nous présenter correctement », et a expliqué à Misato qui il était. Bon, elle savait que c’était son oncle, mais quand il a parlé de chasse aux yôkai, elle a clairement montré de la méfiance (rires). Puis, j’ai profité de l’occasion pour me présenter aussi. En observant Misato, je me demandais jusqu’à quel point elle comprenait sa situation. Mais, peut-être aussi à cause de sa timidité, elle ne parlait pas beaucoup. Après ce petit déjeuner un peu gênant, le maître a dit : « Bon, je vais parler un peu avec cette enfant, pourriez-vous nous laisser seuls ? ». La femme du frère semblait inquiète, mais le frère et la grand-mère l’ont entraînée ailleurs. J’allais les suivre et je me suis levé, mais le maître m’a dit : « Toi, tu restes. »

[214] Ah, j’ai mal formulé la partie sur les présentations. Misato savait que le maître était son oncle, mais elle ne savait pas que le travail de cet oncle était lié à ce genre de choses. Le maître a expliqué cela, et j’en ai profité pour me présenter aussi. C’est plutôt ça.

[215] J’ai bu un coup, ça devient un peu incohérent (rires). Une fois les autres partis, le maître a commencé à expliquer brièvement la situation à Misato. Misato semblait avoir vécu pas mal de choses difficiles, elle a donc plutôt bien encaissé, ou du moins, sa méfiance s’est facilement dissipée. Il faut dire que le maître avait été habile en révélant son travail « de l’ombre » alors que la famille était présente. Et maintenant, en l’isolant, il la rendait plus facile à influencer.

  • [216] Bon retour, OP. Je lis.

[268] La suite. Misato écoutait les explications du maître en hochant simplement la tête. Une fois que le maître eut terminé, elle lui posa cette question : « Mes parents m’ont parlé de devenir votre disciple, mais on m’avait dit que vous étiez quelqu’un lié à la calligraphie. Est-ce complètement différent ? » Je me suis souvenu des quelques diplômes de calligraphie que j’avais vus dans sa chambre. Ah d’accord, donc au début, elle pensait que le maître et moi étions un duo maître-disciple en calligraphie. Pas étonnant qu’elle trouve bizarre que ça devienne soudainement de la chasse aux yôkai. Mais il me semblait bien que le maître détenait le titre de maître dans une école de calligraphie quelque part. L’apprentissage concernait-il la calligraphie ? me suis-je demandé, mais d’après les dires du maître, son intention était clairement d’enseigner la chasse aux yôkai. Bon, comme il pouvait aussi enseigner la calligraphie, ce n’était peut-être pas un mensonge complet ?

[270] À partir de là, ce fut le moment des explications du maître. Il a dit qu’au début, il avait effectivement l’intention de n’enseigner que la calligraphie, mais qu’en venant ici, il avait trouvé Misato dans cette situation, et qu’il avait donc été obligé de lui parler aussi de son activité secondaire. Le maître est doué pour parler, quoi qu’on en dise, et Misato a semblé convaincue. Finalement, la conversation est arrivée au sujet principal : les trois méthodes possibles, et qu’est-ce qu’elle voulait faire ? D’après l’explication du maître, la première méthode impliquait qu’il lui enseigne désormais tout ce qui concerne la chasse aux yôkai. Pour les deux autres méthodes, si elles réussissaient, et si elle était toujours intéressée, elle deviendrait uniquement sa disciple en calligraphie. Bon, l’idée de n’en faire qu’une disciple en calligraphie me semblait un peu suspecte de sa part (rires). Il avait l’air de penser « Une fois qu’elle est disciple, je pourrai faire ce que je veux ! ». Misato a réfléchi un moment, puis a dit qu’honnêtement, elle n’avait pas envie d’apprendre la chasse aux yôkai et qu’elle préférait une solution rapide avec l’une des deux autres méthodes.

[272] Ensuite, le maître et moi avons discuté un peu. Nous avons décidé d’adopter la deuxième méthode : « Demander au yôkai d’oublier ». La raison, eh bien, c’est qu’elle laissait plus de place à la négociation, ce à quoi le maître et moi étions plus habitués. Une fois la stratégie décidée, nous avons immédiatement commencé les préparatifs. D’abord, repérer l’endroit où invoquer le yôkai. Nous avons choisi l’endroit même où Misato avait disparu puis été retrouvée. Le maître avait d’autres préparatifs à faire, il m’a donc dit d’aller voir. Bon, il ne voulait probablement pas trop s’approcher de la mer, alors j’ai suivi ses instructions. Guidé par le frère du maître, je me suis dirigé vers la falaise où Misato avait été trouvée. C’était à environ 40 minutes de marche de la maison du frère, je pense ? Assez loin. Au début, le frère avait proposé d’y aller en voiture, mais j’ai demandé à y aller à pied pour bien vérifier le paysage environnant et l’emplacement des bâtiments. Quand nous sommes arrivés, j’étais assez fatigué.

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[273] L’endroit était aussi isolé qu’on me l’avait dit. Ce n’était pas juste au bord de la route ; il fallait quitter la route asphaltée et marcher 4 ou 5 minutes sur un sol rocailleux pour y arriver. Bien sûr, il n’y avait aucun lampadaire aux alentours. Il était midi, donc ça allait, mais il était évident que la nuit, il ferait noir complet et on ne verrait plus rien. C’était donc un endroit peu fréquenté. Parfait pour invoquer un yôkai, quoi. Ensuite, le frère m’a conduit au gros rocher où Misato avait mangé des vers de terre, et j’en ai prélevé un morceau. Enfin, « prélevé », j’ai utilisé un marteau que j’avais apporté pour frapper et obtenir une pierre assez grande et plate. Après ça, j’ai cherché un endroit assez dégagé aux alentours et j’y ai répandu du saké. Du saké de cuisine que j’avais piqué dans la cuisine. Dans ce cas, curieusement, le saké de cuisine fonctionne mieux que le saké ordinaire. C’est peut-être différent, je ne sais pas (rires).

  • [283] >>273 Le saké de cuisine contient du sel, c’est peut-être pour ça ?
  • [274] Peut-être que ce qui est traité pour ne pas être bu est plus au goût des yôkai ?
  • [279] Impossible de savoir si c’est vrai ou faux, mais c’est très intéressant à lire. Mon grand-père disait qu’autrefois, les renards trompaient les gens pour les perdre en chemin, ou se transformaient en humains. Le renard est une image emblématique du yôkai, mais est-ce que les renards sont particulièrement susceptibles de devenir des yôkai parmi les animaux ? Et pourquoi ont-ils disparu maintenant ? Est-ce lié à la déforestation ?
  • [284] >>279 Je ne comprends pas pourquoi c’est impossible à comprendre.
  • [280] L’OP est là.
  • [282] Yôkai et esprits (霊, rei), c’est subtilement différent, non ? Difficile à expliquer, mais les esprits seraient comme la radioactivité ? Et les substances radioactives seraient les humains ou les yôkai ? C’est pas tout à fait ça, mais…
  • [286] Je comprends que c’est pour l’hospitalité envers le yôkai, mais je ne voudrais absolument pas en manger non plus (rires).
  • [287] On en consomme séché, mais cru…

[460] Une fois les préparatifs principaux terminés, je suis rentré à la maison avec le frère. Bien sûr, j’ai ramené le morceau de roche prélevé. En rentrant, il semblait que le maître était aussi sorti pour d’autres préparatifs et n’était pas encore revenu. Alors, avec l’aide du frère et de sa femme, j’ai retourné la terre du jardin pour chercher autant de vers de terre bien vivants que possible. Le yôkai en question avait utilisé des vers de terre pour « recevoir » Misato, et les yôkai servent souvent ce qu’ils aiment à leurs invités. Puisque nous connaissions son mets préféré, il n’y avait pas d’autre choix que de le préparer pour la négociation.

[651] Une fois les vers de terre préparés, je suis rentré à la maison avec le frère. En rentrant, il semblait que le maître avait aussi terminé ses autres préparatifs et était revenu. Le maître m’a dit que pour la négociation avec le yôkai, nous allions utiliser la méthode suivante.

  • [653] Oh, première fois que je vois ça en temps réel.
  • [657] Il est làààà !!
  • [699] Ça fait peurrr–

[663] Comme je l’ai déjà écrit, il s’avère qu’après la mort d’un humain ayant fait une « révélation du destin », un yôkai proche de « Gamon » naît aussi, apparemment. On fait croire à ce yôkai proche de « Gamon » que la nièce du maître est morte pour le faire naître. Ensuite, on le tue pour rendre la prophétie caduque. Si elle est caduque, ça revient à ne pas avoir prophétisé, et à partir de là, on peut rappeler la durée de vie. Bon, le danger de cette méthode, je l’ai déjà expliqué par le passé. Mais dans ce cas, le plus problématique est de trouver et de tuer ce « Gamon ». D’abord, trouver « Gamon » est difficile. Ensuite, même si on le trouve, il est douteux qu’on puisse arriver là où il se trouve avant qu’il ne prophétise. De plus, même si on le trouve, il faut tuer ce yôkai. Même s’il n’est pas grand-chose, ça reste un yôkai, donc il y aura un certain risque. Et comme je l’ai dit maintes fois, notre travail relève plus de la « négociation » que de l’« extermination ». Alors, nuire à un yôkai pour notre propre convenance, c’est un peu comme dévier du droit chemin.

[697] Le maître est revenu vers 17 heures. Il faisait déjà assez sombre. Le maître qui est revenu portait un grand sac et dégageait une légère odeur de cru, de sang. Je lui ai expliqué brièvement ce que j’avais préparé jusqu’à présent. Le maître, l’air fatigué, a répondu « Compris », puis a ajouté : « Je vais prendre un bain maintenant et me reposer jusqu’à l’heure H, je te confie le contenu du sac. » J’ai acquiescé, et le maître s’est dirigé vers la salle de bain. En ouvrant le sac malodorant du maître, j’ai été stupéfait. À l’intérieur se trouvait le cadavre d’un chien.

[700] Le cadavre de chien n’était pas particulièrement nécessaire pour le rituel que nous étions sur le point d’accomplir. Pourquoi le maître avait-il préparé une chose pareille ? De plus, ce chien, à vue de nez – ce n’est qu’une supposition, bien sûr – n’était pas un chien errant. C’était un Shiba Inu au pelage plutôt beau, et il avait un collier. Et l’abdomen de ce chien était fendu en deux. Le sang de chien noir est souvent utilisé dans l’exorcisme de yôkai ou de fantômes, au même titre que l’urine de puceau. C’est assez connu, n’est-ce pas ? Cependant, la manière d’obtenir ce sang de chien est en fait assez cruelle. D’abord, pour calmer le chien, on lui remplit la gueule de pierres et on lui attache les pattes. Ensuite, avec une grande machette, on coupe lentement le tronc du chien en deux. Pendant un moment, le chien ne meurt pas et se débat douloureusement. Puis, une fois qu’il est complètement mort, on extrait ses organes et on les met dans l’eau. L’eau devient rouge, et c’est cette eau qu’on utilise comme « sang de chien ».

  • [701] >>700 Mais à quoi ça va servir, bon sang…

[704] Bon, bien sûr, on y mélange diverses choses ensuite, mais en gros, c’est comme ça. Ce n’est pas quelque chose qu’on utilise souvent en temps normal, je suppose ? C’est cruel et difficile à obtenir. Cependant, le sang de chien noir est généralement considéré comme « impur », détesté par les yôkai et les fantômes, et il est efficace pour les repousser. Et les chiens d’autres couleurs ont aussi diverses utilisations. Dans ce cas, comme c’était un Shiba Inu assez clair, il s’agissait probablement d’utiliser du sang de chien blanc. Mais le sang de chien blanc est quelque chose qu’on utilise très rarement. Parce que le sang de chien blanc est utilisé pour « tuer » des gens.

  • [711] Ça prend une tournure inquiétante… Le maître, à ce stade, il va encore bien, n’est-ce pas ?

[712] Le sang de chien blanc contiendrait une sorte de pouvoir spirituel (霊力, reiryoku). On dit qu’il peut éliminer les choses funestes, guérir les maladies démoniaques, ce genre de pouvoirs. On l’utilise aussi dans des techniques comme le senshinjutsu (洗心術, technique de purification de l’esprit ?). Bon, à entendre ça, ça a l’air d’être une bonne chose, mais c’est essentiellement en tant que médium pour des sorts très puissants, et de nos jours, la plupart des utilisations de ce genre ont été perdues, apparemment. Alors, à quoi sert-il maintenant ? Il est utilisé dans une technique appelée « Hikeshi » (火消し, extinction du feu). C’est cette technique d’Hikeshi qui correspond à la « méthode pour faire mourir spirituellement » dont j’ai parlé précédemment. J’ai déjà raconté l’histoire des trois flammes qui brûlent sur les épaules et le sommet de la tête des humains ? Si non, j’expliquerai plus tard. Tant que ces trois flammes sont là, l’âme humaine est liée au corps physique. Pour éteindre ces flammes, il faudrait être aspergé de sang de chien blanc. Donc, il ne faut surtout pas mettre de sang de chien blanc sur ses épaules ou le sommet de sa tête. L’âme s’en irait quelque part en un clin d’œil, paraît-il. Mais inversement, si on veut disperser l’âme de quelqu’un, il suffit de lui jeter du sang de chien blanc dessus, et cette personne mourra spirituellement dans neuf cas sur dix.

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[766] Petite explication sur les flammes. Il y a une superstition qui dit qu’il ne faut pas se retourner quand on marche sur une route la nuit. Ça viendrait aussi de ces flammes sur les épaules et le sommet de la tête. C’est peut-être un peu suspect, mais ces flammes auraient été données par les dieux quand ils ont créé les humains. Les trois ensemble formeraient une sorte de barrière protectrice (結界, kekkai) pour protéger les humains des chimimōryō (魑魅魍魎, toutes sortes de mauvais esprits). Ces flammes ne s’éteignent que très rarement, mais elles ont quelques points faibles. Bon, le sang de chien blanc en fait partie, bien sûr, mais même le souffle humain peut éteindre la flamme, apparemment. C’est pourquoi, quand une personne se retourne, elle éteindrait inconsciemment une des flammes de l’épaule avec le souffle de son nez.

[768] Donc, la nuit, même si on entend un bruit suspect derrière soi, il ne faut jamais se retourner. Pourquoi ? Parce que ce sont des yôkai ou autres entités malveillantes qui essaient de nous tromper pour nous faire nous retourner afin d’éteindre une flamme de l’épaule avec notre souffle nasal. Dans le cas du sang de chien blanc, l’extinction dure assez longtemps. Mais avec le souffle nasal, même si la flamme s’éteint temporairement, elle se rallume généralement le lendemain matin. Et même quand un humain meurt, ces flammes ne disparaissent pas immédiatement. Elles se séparent de la personne et continuent de brûler pendant un certain temps. C’est peut-être l’origine des onibi (鬼火, feux follets), qui sait.

  • [769] Ah bon ? Quelle est la différence entre hitodama (人魂, âme humaine) et onibi ? Hitodama = humain, onibi = lié aux yôkai ?
  • [770] Bon, il y aurait encore beaucoup à dire sur ces flammes, mais comme ça n’a pas grand-chose à voir avec l’affaire en cours, je m’arrête là. Revenons à l’histoire principale. J’ai hésité un peu sur ce que je devais faire de la carcasse de chien que le maître m’avait donnée, mais j’ai décidé de la « traiter » comme il me l’avait demandé. Heureusement, la famille du frère du maître n’était pas là. J’ai caché le sac malodorant dans un coin du jardin et j’ai emprunté les outils nécessaires au frère du maître, etc. Bon, à ce moment-là, j’avais dû attraper l’odeur de cru moi aussi, car on m’a regardé avec méfiance et on m’a posé plein de questions. J’ai répondu que c’était pour préparer ce dont j’avais besoin pour ce soir et j’ai réussi à embobiner le frère pour le moment. Je lui ai demandé de faire en sorte que personne ne vienne dans le jardin, puis j’ai commencé le « traitement » de la carcasse. D’abord, remplir un seau à moitié d’eau. Ensuite, cracher dans l’eau, puis il y a encore deux ou trois étapes, mais je vais passer les détails pour ne pas être trop explicite. Extraire les organes du chien et les mettre dans l’eau. Puis verser l’eau rougie dans une bouteille en plastique. Bien sûr, en faisant attention à ne pas éclabousser mes épaules ou ma tête avec l’eau pendant le processus. Ensuite, j’ai enterré tout le reste, y compris le seau, dans le jardin. Pour finir, j’ai planté un noyau de pêche à l’endroit où j’avais enterré le tout. C’est connu qu’il faut planter quelque chose quand on enterre quelque chose de mauvais, mais il vaut mieux éviter les cerisiers ou les saules. Dans ces cas-là, on choisit généralement un noyau de pêche. Bien sûr, c’est aussi une question de compatibilité.**
  • [793] Des flammes sur la tête, comme le héros de Reborn!
    [829] >>793 Flammes, c’est probablement une métaphore comme souvent dans ce genre d’histoires, non ?
  • [799] J’ai compris pourquoi il ne faut pas se retourner à cause des flammes des épaules qui s’éteignent. Mais alors, il suffirait de tourner tout le corps sans changer l’angle relatif entre la tête et les épaules, non ?
    [833] >>799 Je ne suis pas chercheur, je n’ai pas étudié la question à ce point. Y a-t-il vraiment un intérêt à regarder autant derrière soi ? Dans le sens de regarder vers l’avant et d’avancer >>811 Ce n’est pas que je ne veux pas donner la raison, mais il y a des histoires d’horreur où le fait de savoir attire le malheur, non ? C’est peut-être la même chose.
  • [811] Ma mère nous répétait sans cesse, les yeux exorbités, à mes frères et moi : « Ne buvez jamais le thé de la veille ! » ou « Ne vous coupez jamais les ongles la nuit !! ». Alors c’est vraiment interdit… Pourquoi les adultes ne nous expliquent-ils jamais correctement la raison ?

[845] La suite. Quand j’ai fini de traiter le sang de chien, il commençait à faire sombre. Je suis allé prendre un bain moi aussi. En chemin, j’ai croisé la femme du frère, mais elle a ostensiblement détourné le regard. Je me suis un peu inquiété, me demandant si l’odeur était vraiment si forte. Puis, après le bain, j’ai enfilé ma « tenue » de travail. Comme je l’ai déjà dit, je crois, les prêtres shintō qui s’adressent aux dieux doivent être bien habillés, mais pour un commerce comme le nôtre qui traite avec les yôkai, c’est plutôt l’inverse, il faut une tenue négligée. Bon, mais il y a différentes sortes de saleté. L’odeur de sang est mauvaise du point de vue des yôkai, apparemment. Le type de saleté que les yôkai préfèrent, c’est plutôt la boue, la poussière, ce genre de choses. Comment dire, c’est peut-être plus proche de la nature. C’est pourquoi je prépare à l’avance des vêtements usés et peu lavés.

  • [846] Hmm hmm.

[850] Peu après, le frère m’a invité pour le dîner. Entre les vers de terre et le chien, je n’avais pas très faim, mais j’ai pensé qu’il valait mieux manger quelque chose en prévision de la nuit, alors je l’ai suivi. En arrivant à la cuisine, Misato, la femme et toute la famille du frère étaient déjà là, mais le maître manquait à l’appel. J’ai demandé où était le maître. Apparemment, il dormait encore et ne montrait aucun signe de réveil, m’a dit le frère. Bon, dans ces cas-là, il vaut mieux le laisser dormir, mais personnellement, vu que le yôkai de cette fois offrait des vers de terre à manger, je pensais qu’il ne valait mieux pas l’affronter le ventre vide. Il y avait un risque qu’il exploite la faim. Alors j’ai dit « Je vais le réveiller » et je suis allé dans sa chambre. J’ai ouvert la porte de la chambre du maître, il faisait tout noir à l’intérieur. J’ai appelé « Maître, Maître » deux ou trois fois. Pas de réponse. N’ayant pas le choix, j’ai cherché l’interrupteur à tâtons et j’ai allumé la lumière. Alors, j’ai eu un petit choc. Le maître avait les yeux ouverts et fixait le plafond. Je me suis approché de lui avec appréhension et j’ai demandé : « Qu’est-ce qu’il y a ? C’est l’heure de manger, apparemment ? ». « Tu le vois ? », m’a-t-il soudain demandé. J’étais abasourdi, mais j’ai regardé dans la direction de son regard, il n’y avait rien. « Non », ai-je répondu. Le maître a dit « Ah bon » et est sorti du futon. Et là, j’ai été encore plus sidéré. Les vêtements que portait le maître étaient trempés de sueur nocturne. On aurait pu les essorer, c’était à ce point-là.

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  • [852] >>850 Wow, effrayant.
  • [856] Le maître commence à être dans un état dangereux…
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